Nous avons vieilli.
Le ciel est encore jeune mais nous avons vieilli.
Finies les certitudes, les évidences et les têtes brulées.
Le réel est passé par là, labourant nos envies de beau et nos ambitions maladroites.
Mais l’aventure fut à la hauteur de nos rêves.
Sans concession. Splendide et stupide.
A en crever.
Nous sommes déjà morts 10 fois à tenter de vous proposer l’impossible.
Il faut bien que jeunesse se fasse.
Nous n’avons jamais douté, nous avons tout tenté, tout donné.
Avec fougue, avec passion, dans le plus beau théâtre du monde.
Nous avons eu cette chance, il fallait bien la saisir.
Le hasard de la vie avait fait de nous des enfants bénis des Dieux.
Incompétents mais déterminés.
A nous d’être à la hauteur.
La suite de cette histoire, vous la connaissez.
Une utopie pirate et clandestine, sans cesse plus grande, sans limite que celle de notre imagination.
Notre terrain de jeu.
Notre manière à nous d’exister, même sans salaire même sans gloire.
Juste la fierté de rendre ces instants possibles.
Qu’ils existent.
Ces instants imparfaits où se croisent rêves et souvenirs.
La voix divine d’Abo Gabi, la chenille et les drag queens dans ce château millénaire, le rap d’Elie Saleron, le feu sacré d’Arabian Panther et de Ko Shin Moon, le cinéma sous les étoiles, les acrobaties des Kifkif et Salvaje…
Tout ce que nous avons produit et tout ce qui n’était pas prévu.
Oui, il y a de quoi être fier.
Des souvenirs pour une vie, et à chacun les siens.
A Chacun son Toujours.
Ensemble nous avons vieilli.
L’avez vous seulement aperçu ?
7 années déjà. Une éternité.
7 années bénies des dieux et de ce soleil continu.
7 années.
Le monde lui partait en fumée.
A chaque édition, la nécessité de notre geste semblait nous échapper un peu plus.
Il faut le dire, l’énergie n’est plus la même.
7 années, c’est le temps de se poser un tas de questions.
De changer d’avis encore et encore.
Sachez-le. Nous doutons.
Faire un festival est une tannée, une folie faite par des fous.
C’est dur.
Oui, derrière les mots hauts et les adresses bien senties, nous doutons.
Derrière les étés fleuris, les sourires et les salles combles, c’est la galère.
Comme l’ensemble du monde de la culture, nous doutons.
De notre utilité, notre sens, notre nécessité, de l’avenir.
Oui, il y aura bien une 7e édition cet été.
Mais pour la première fois, on se dit que ce sera peut-être la dernière.
Peut-être ou peut-être pas.
Qui vivra verra.
Il fallait qu’on vous le dise.
Déjà pour nous-mêmes.
Et puis pour vous aussi.
Non, demain ne sera pas annulé.
Non le Toujours ne durera pas toujours.
C’était des conneries, des foutaises, des paroles en l’air.
Pour se rassurer et se donner du courage aussi.
Pour vous emmener avec nous dans nos utopies et nos rêves.
Heureux celles et ceux qui ont vu, qui l’ont vécue, cette insouciance dans la chaleur de la fin d’été.
Alors une dernière pour la route ?
Cette édition sera celle d’une fragilité assumée.
Nous tentons une dernière fois.
Par curiosité.
Par amour du geste et de ce lieu.
Un festival moins ambitieux, qui renoue avec l’esprit des débuts.
La simplicité, l’évidence, les artistes, les étoiles et le lac.
Le soleil.
Et vous, évidemment.
Une chose est sûre.
C’est le moment de faire le bon choix, de plier son maillot.
Ne surtout pas rater cette occasion.
Peut-être la dernière, de saisir ces instants suspendus.
Être au bon endroit au bon moment.
Rêver encore une fois.
Encore une fois.