Le monde ou rien


Chaque été, nous récidivons.

Chaque été, des festivaliers s’étonnent, sous un soleil de plomb : 

“Pourquoi se donnent-ils tout ce mal ?”

Et chaque été, ils reviennent, pour en avoir le cœur net.

 

Parce que le Toujours festival est une terre promise, invisible à l'œil nu.

Parce que ce pays imaginaire s’invente chaque été, s’étend, se déploie dans les terres, vers le ciel et jusqu’aux profondeurs du lac.

Parce que raconter des histoires n’est pas accessoire, mais vital. 

Nous ne vivons que pour ces instants.

Ces moments suspendus entre chien et loup, où tout devient possible.  

 

Chaque été, nous y revenons immanquablement, ni fatigués ni lassés.

Le reste du monde n’a plus grand chose à nous proposer.

Malgré les outils, les promesses et les optimistes,

Malgré les gesticulations et les néons,

Nous avons de moins en moins d’imagination. 

 

Peut-être que nous vieillissons mal ?

Notre époque en tous cas ne donne pas envie de s’y attarder.

Chaque année qui passe semble de plus en plus définitive.

 

Il ne s’agit pas de vous dire que nous sommes politiques.

Il s’agit de l’être.

Par la forme et par la joie.

Il s’agit d’une utopie.

Il suffit d’y croire.

Nous ne sauverons pas le monde, c’est un fait. 

Mais peut-être, qui-sait, réussirons-nous à vous sauver ?

 

La joie, la vie et le monde s’inventent et se racontent sous nos projecteurs.

Voilà ce qui vous sauvera.

Le temps suspendu du festival, utopie pirate et clandestine.

Brèche éphémère dans un réel monochrome. 

Toutes les raisons du monde, et aucune à la fois.

 

Nous faisons perdurer l’inutile, l’erreur et les trous de texte.

Le chaos joyeux, les accidents, les mauvais virages et la pluie qu’on ne peut pas encore contrôler. 

Soyez sans crainte. 

Nous travaillons avec les dieux, détachés des patrons. 

Au service des mythes et de l’imprévu.

 

Peut-être sommes-nous fous, après tout.

Quelle autre explication ?

Le fou veut tout, tout de suite, qu’importe le reste.

Le fou, comme l’amoureux et le poète, est farci d’imagination.

Le monde ou rien.